Maroc / Algérie : le Royaume rejette catégoriquement « les allégations infondées » de l’Algérie sur des biens immobiliers au Maroc


Après bientôt trois ans de rupture totale de leurs relations diplomatiques, une nouvelle phase de tension pourrait s’ouvrir entre le Maroc et l’Algérie à la suite d’un projet d'expropriation par l’Etat marocain de biens immobiliers jouxtant le siège du ministère des Affaires étrangères marocain et parmi lesquels se trouvent des propriétés appartenant à la représentation diplomatique algérienne dans la capitale du Royaume

Publiée dans un Bulletin Officiel au Maroc, une procédure administrative d’expropriation de ces biens immobiliers a suscité une réaction vive d’Alger, à travers un communiqué dans lequel le ministère des Affaires étrangères algériennes a condamné cette démarche marocaine en la qualifiant de « provocation » et de « spoliation » des propriétés appartenant à l’Etat algérien. Alger répondra à cette « provocation » par les moyens qu’il jugera « appropriés », tout en considérant qu’« il y a là une violation inqualifiable du respect et du devoir de protection à l’égard des représentations diplomatiques d’Etats souverains qui sanctuarisent tant le droit que la coutume internationale », ajoute le communiqué algérien.

Réagissant à ce ton monté d’Alger, le Royaume du Maroc a rejeté catégoriquement les accusations portées contre lui, estimant qu’elles sont « infondées » et qu’elles témoignent d’un « esprit d’escalade non justifié ». La diplomatie marocaine a fait savoir que dans le cadre d’un projet d’agrandissement, le ministère des Affaires étrangères marocain s’était porté acquéreur en 2022 de ces biens auprès de l’Algérie. Le déménagement de l’ambassade algérienne à un endroit a laissé vacant le bien objet de la discorde. Le Consul Général d’Algérie à Casablanca a été reçu plusieurs fois à ce sujet au siège du ministère des Affaires étrangères du Maroc et des correspondances ont été échangées entre les deux parties. L’Algérie a réagi à l’offre marocaine, en indiquant qu’une  « évaluation domaniale  de ces biens est en cours » et qu’elle communiquera « les conclusions dès finalisation » aux officiels marocains.

Pour appuyer encore plus son argument et démontré sa bonne foi, le Maroc a affirmé que cette opération d’élargissement a concerné au cours des dernières années plusieurs bâtiments diplomatiques, notamment ceux de la Côte d’Ivoire et de la Suisse, tout en tenant à signifier à l’Algérie que le Maroc ne s’inscrit nullement dans une posture d’« escalade » et qu’il tient à une relation de « bon voisinage » avec l’Algérie. Le Royaume du Maroc assume pleinement ses responsabilités et obligations découlant de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques, et ce même en l’absence de privilèges et immunités consécutivement à la rupture unilatérale des relations diplomatiques par l’Algérie le 24 août 2021, a-t-il indiqué.

Les juristes en droit internationale sont unanimes que toute décision d’expropriation est une action relevant d’une souveraineté étatique s’appliquant à chaque fois qu’un besoin d’Etat ou d’utilité publique s’impose. Dans le cas marocain, tout indique qu’il s’agit d’une procédure administrative qui concerne plusieurs bâtiments et non pas seulement ceux autour desquels l’Algérie en fait une affaire de « spoliation ».  


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